Patrimoines archéologiques, ressources territoriales et enjeux de diversification touristique dans les territoires de montagne
- Imprimer
- Partager
- Partager sur Facebook
- Share on X
- Partager sur LinkedIn
Doctorant en Géographie, EDYTEM - Labex ITEM
Originaire du sud de la France j’ai effectué un cursus à cheval entre Géographie et Histoire à l’Université de Lyon, me conférant, outre deux diplômes, la possibilité de mêler des thématiques patrimoniales et territoriales au cours de mes travaux de Master. Arrivé au Laboratoire EDYTEM au Printemps 2020 dans le cadre d’un stage de fin d’étude, j’y mène désormais un travail de thèse m’amenant à travailler à nouveau à l’interface des disciplines que sont la Géographie humaine et l’archéologie bien que n’étant pas moi-même archéologue.
L’objectif de cette thèse de géographie est d’identifier les leviers sur lesquels il est possible d’agir pour transformer les patrimoines archéologiques alpins en ressources pour les territoires, en effectuant un focus sur les sites d’art rupestre (gravures et peintures). En effet, les Alpes françaises et plus particulièrement la Haute-Maurienne, comptent plus de 800 roches gravées, recensées sur 130 sites, répartis sur 21 communes (Ballet 1998 ; Ballet et Breteau 2013). Pour la très grande majorité, il s’agit de gravures faites de symboles, ou encore de personnages ; à ce panel s’ajoutent les peintures rupestres du Rocher du Château à Bessans, où des cerfs ont notamment été représentés. Loin d’être isolés et anecdotiques, ces sites, paradoxalement de la première importance sur le plan archéologique, restent peu connus par la société civile et les acteurs territoriaux, alors même que leur mise en valeur représente une opportunité de diversification pour des territoires de montagne marqués par des enjeux de renouvellement de leur offre touristique. Ceci correspondant également avec une transition touristique de plus large échelle constatée depuis plusieurs années en Europe et par ailleurs dans le monde (Clergeau 2016).
Sachant que dans le même temps, les études sur le changement climatique et les prévisions issues des dernières modélisations mettent en avant une remontée importante de l’isotherme zéro : à l’horizon 2030-2050, celui-ci remontera de 200 à 300 mètres dans les Alpes (Spandre et al., 2019). Dès lors, ces prévisions imposent de penser de manière active d’autres formes de mise en tourisme, qui permettraient de sortir d’une mono-valorisation de la ressource en eau.
De par leur richesse patrimoniale et leur quantité, les sites d’art rupestre offrent très précisément cette opportunité. Les objectifs de la thèse sont d’interroger le paradoxe suivant : pourquoi les sites d’art rupestre alpins, fortement reconnus sur le plan archéologique, ne sont-ils pas activés par les acteurs territoriaux pour penser d’autres formes de mise en tourisme ? Quels sont les facteurs explicatifs de ce paradoxe ? Est-ce que ces sites archéologiques entrent en conflit avec d’autres types de ressources ? Comment faire de ces sites des ressources pour les territoires ? Quelles formes peut prendre la valorisation, attendu qu’il s’agit dans le même temps de satisfaire des enjeux de conservation ?
Partant d’une analyse des jeux d’acteurs, ma thèse analyse les perceptions des acteurs mais également des populations et des visiteurs par rapport à ce type de patrimoine, avec comme enjeu d’identifier les freins et donc par là-même les leviers, sur lesquels il est possible d’agir pour faire de ces patrimoines des ressources territoriales. Dans la perspective appliquée de proposer des actions de valorisation avec des scénarios de mise en tourisme, la thèse comporte un volet comparatif avec des observations sur des territoires similaires où les sites d’art rupestre font d’ores et déjà ressources pour les territoires : 1/ les sites d’art rupestre de la vallée des Merveilles dans le Mercantour, 2/ les sites d’art rupestre de la Valcamonica en Italie (Lombardie), inscrits au Patrimoine mondial, attirant plusieurs milliers de touristes par an, et offrant une diversification aux stations de ski de Montecampione et de Ponte di Legno situées à proximité immédiate. L’observation de territoires aux trajectoires passées et actuelles différentes permettra d’affiner la compréhension des freins rencontrés en Haute-Maurienne et d’être pertinent dans l’élaboration des scénarii de valorisation.
Elements bibliographiques
- Ballet F., 1998 : Des milliers de signes sur les roches, La rubrique des patrimoines n°1, pp. 8-9.
- Ballet F., Breteau E. 2013 : Roches de mémoire, 5000 ans d’art rupestre dans l’arc alpin, La rubrique des patrimoines n°31, pp.28-29.
- Clergeau C., 2016 : « La troisième révolution touristique – Diversification des pratiques et des stratégies ». Mondes du Tourisme, no Hors-série (septembre). https://doi.org/10.4000/tourisme.1236.
- Spandre P., François H., Verfaillie D., Lafaysse M., Déqué M., Eckert N., George E., Morin S., 2019 : Climate controls on snow reliability in French Alps ski resorts, Scientific Report 9, 8043. https://doi.org/10.1038/s41598-019-44068-8
- Imprimer
- Partager
- Partager sur Facebook
- Share on X
- Partager sur LinkedIn